Analyses et repères

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Rapport de l’Observatoire Citoyen

« Marchandisation et financiarisation des associations »

Le rapport de l’Observatoire citoyen de la marchandisation des associations met en lumière un phénomène inquiétant : l’intégration progressive du secteur associatif dans l’économie de marché. Ce processus s’accompagne d’une réduction des subventions publiques, d’une généralisation des appels à projets et d’une mise en concurrence accrue avec le secteur privé lucratif.

Ce glissement contraint de plus en plus d’associations à adopter des logiques managériales, à rechercher des financements privés et à répondre aux exigences de performance et de rentabilité imposées par les financeurs publics. Or, ces évolutions menacent directement la capacité des associations à remplir leur mission d’intérêt général et à proposer des services indépendants de toute logique marchande.

Principaux constats du rapport

Le rapport détaille plusieurs mécanismes qui accélèrent cette marchandisation :

  • Réduction des subventions publiques : Entre 2005 et 2017, la part des subventions dans
    les ressources des associations est passée de 34 % à 20 %, poussant ces dernières à rechercher d’autres sources de financement, notamment privées.
  • Généralisation des appels à projets et appels d’offre : Ces dispositifs remplacent progressivement
    les subventions, plaçant les associations en concurrence entre elles mais aussi avec des entreprises lucratives, au détriment de leur mission d’intérêt général.
  • Priorité aux Résultats Immédiats : Les mécanismes financiers comme les contrats à impact social encouragent les résultats à court terme, au détriment des solutions durables et des besoins à long terme.
  • Imposition de logiques managériales : L’influence des modèles issus du secteur privé entraîne une standardisation des pratiques et une gestion axée sur la performance économique, au détriment des valeurs associatives.
  • Affaiblissement du rôle politique des associations : En les contraignant à répondre aux exigences des financeurs, on les prive progressivement de leur autonomie et de leur capacité d’action indépendante. 
Conséquences pour l’emploi et les travailleurs du secteur

Le rapport met en lumière les effets délétères de cette marchandisation sur les travailleurs associatifs :

  • Précarisation croissante : Multiplication des CDD, réduction des effectifs, surcharge de travail et baisse des rémunérations sont autant de conséquences directes de la mise en concurrence
    et de la recherche de rentabilité.
  • Pression sur les salariés : Les travailleurs sociaux peuvent être soumis à une pression accrue pour atteindre des objectifs de performance, ce qui peut affecter la qualité de leur travail, leurs conditions de travail et leur  .
  • Déshumanisation des métiers du social : En imposant des critères de rentabilité et de productivité, les missions des associations risquent d’être vidées de leur sens initial, transformant les professionnels du secteur en simples prestataires de services.
Une alerte sur l’avenir du secteur associatif

Le rapport souligne que la marchandisation des associations s’inscrit dans un mouvement plus large de privatisation des services publics et de réduction du rôle de l’État dans les politiques sociales.
En ouvrant de nouveaux marchés à des entreprises lucratives, cette évolution menace la diversité du tissu associatif, réduit la capacité des associations à innover socialement et affaiblit le lien social qu’elles contribuent à tisser.

Conclusion

Ce rapport constitue un signal d’alarme. Il invite à repenser les modes de financement et de gouvernance des associations afin de préserver un modèle associatif fondé sur la solidarité, l’engagement citoyen
et la justice sociale. 

Accéder au rapport