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Rapport du Secours Catholique
Le non-recours aux prestations sociales
La pauvreté demeure une réalité préoccupante en France.
Selon le rapport « État de la pauvreté en France 2024 » du Secours Catholique, des millions de ménages vivent dans une précarité alarmante, avec un revenu médian s’élevant à seulement 555 euros par mois. Ce chiffre illustre non seulement l’aggravation des inégalités économiques, mais aussi les effets durables des crises sociales et économiques sur les foyers les plus vulnérables.
Outre ce constat saisissant, le rapport attire également l’attention sur une problématique souvent ignorée : le non-recours aux prestations sociales. Ce phénomène, loin d’être marginal, exacerbe les difficultés des personnes déjà fragilisées et souligne les limites structurelles du système d’aide sociale en France.
Les réformes affichées comme relevant de la lutte contre le non-recours conduisent en pratique, à faire des associations qui œuvrent à la lutte contre l’exclusion des rouages essentiels de l’accès aux droits.
Ce processus pose des questions politiques, celle du retrait de l’État dans la prise en charge d’une part et celle de l’égalité des citoyens face à leurs droits d’autre part
Le non-recours aux prestations sociales est un enjeu crucial. Selon le rapport, environ 36 % des personnes éligibles au Revenu de Solidarité Active (RSA) n’en bénéficient pas, privant ainsi des milliers de foyers d’un soutien indispensable. Ce phénomène a des causes variées qui méritent une attention particulière.
Causes du non-recours
Complexité administrative : L’accès aux aides est fréquemment entravé par des démarches longues et fastidieuses, décourageant les personnes dans le besoin.
Dématérialisation excluante : Avec la numérisation croissante des services, de nombreuses personnes précaires n’ayant pas accès aux outils numériques ou n’étant pas à l’aise avec leur usage, sont exclues des dispositifs sociaux. 30 % des individus les plus précaires n’ont pas d’accès régulier à Internet ou ne maîtrisent pas les outils numériques.
Stigmatisation sociale : Le recours à l’aide sociale est souvent perçu comme un échec. La peur d’être jugé ou perçu comme « assisté » amène certains à renoncer à réclamer leurs droits.
Durcissement des critères d’éligibilité : Des conditions plus strictes ou un contrôle renforcé peuvent rendre l’accès aux prestations plus difficile voire dissuader certains bénéficiaires potentiels.
Manque d’information : Beaucoup ignorent qu’ils sont éligibles ou méconnaissent les démarches nécessaires pour solliciter ces aides.
Conséquences
Le non-recours a des répercussions multiples, tant sur les individus que sur la société dans son ensemble. Pour les ménages concernés, il se traduit par une aggravation de la précarité et des situations d’exclusion encore plus profondes. Du point de vue collectif, cette absence d’accès aux prestations sociales entrave les efforts de réduction des inégalités et affaiblit la cohésion sociale.
Cependant, au-delà du constat, le rapport appelle à une réforme structurelle pour simplifier et humaniser l’accès aux droits sociaux. Cela implique :
- une simplification des démarches administratives,
- une meilleure information sur les droits sociaux,
- un accompagnement renforcé des publics vulnérables, notamment via les travailleurs sociaux,
- une meilleure sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation.
La lutte contre la pauvreté en France ne peut être menée efficacement sans s’attaquer à la problématique du non-recours aux prestations sociales. Ce défi, bien qu’immense, est également une opportunité pour renforcer notre modèle de solidarité et bâtir une société plus inclusive. Il appartient à chacun, citoyens et institutions, de contribuer à ce combat pour une meilleure justice sociale.